Le fleuve est ma muse. Il m’inspire, me charme, m’éblouit et
parfois me rend malade, comme sur le Camille-Marcoux entre Matane et
Baie-Comeau par gros temps. Je le photographie, le contemple et le crains.
Jusqu’à ce jour, les berges du plus grand fleuve au monde
ont été épargnées par la pollution du va-et-vient des bateaux.
Si je me fie à mes observations, je ne vous apprendrai rien
en vous disant que certains de ces bateaux sont des épaves flottantes, et ce,
malgré les inspections de Pêches et Océans Canada. Le gouvernement fédéral
soumet des règles que les compagnies appliquent plus ou moins, faute de
surveillance adéquate.
Depuis quelque temps, des super pétroliers empruntent le
fleuve Saint-Laurent pour y transporter le pétrole des sables bitumineux à
partir de Sorel, afin d’alimenter en brut les pays étrangers. Imaginez un super
pétrolier s’échouant ou frappant un autre bateau, il en résulterait des berges entièrement
souillées. Rappelons-nous l'accident de l’Exxon Valdez (un bateau comme ceux de
Sorel), qui a déversé 50 millions de litres sur 1300 kilomètres de côtes, c’est
bien plus que les 928 kilomètres qui relient Montréal à Sept-Îles. S’il fallait
que cela se produise sur le fleuve, ce serait la plus grande pollution de l’histoire
de la planète en milieu habité, c’en serait fait de la flore et la faune, des
côtes propres et spectaculaires, des paysages bucoliques de coucher de soleil.
Les États-Unis ont refusé le pipeline de Keystone pour
transporter le même pétrole. La Colombie-Britannique a dit non aussi. Nous
n’avons jamais dit oui. Ce sont les politiciens qui ont décidé pour nous.
Ceux-ci empocheront l’argent de leur retraite et les super pétroliers
continueront de transporter toute cette merde pour la vendre aux autres pays.
J’essaie de voir où sont les gains des Québécois. À la
pompe? Certainement pas. C’est l’endroit où on se fait le plus voler à cause de
la collusion sur les prix. Alors où? Dans les transferts aux provinces comme la
péréquation? Jamais. Ceux qui empochent l’argent de ce transport dangereux, ce
sont les Albertains.
Nous sommes passés de porteurs d’eau à porteur de pétrole,
dans l’intérêt des requins de la haute finance, ceux-là mêmes qui augmentent le
prix du pétrole à la pompe, la veille des longs congés et des vacances des
travailleurs.
Il y a plus de policiers sur nos routes que de surveillance
sur le fleuve. Les pêcheurs ont des quotas sévères et s’arrachent la vie de
peine et de misère, alors que les transporteurs de bitumineux sont encouragés
par nos politiciens véreux sans vergogne, sans surveillance.
Hélas, en étirant l’élastique d’une plus grande circulation
de super pétroliers sur le majestueux Saint-Laurent, on prend d’énormes
risques. Les dés ne peuvent pas toujours tomber sur le sept.
Lo x
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