Chargé de mon sac d'équipement photographique,
j'avance avec peine dans la forêt boréale. Une neige fine et abondante rend la
visibilité difficile.
Pour occuper mon esprit et agrémenter le parcours,
je laisse mon imaginaire projeter mon être dans un monde parallèle.
Arrivé au sentier de la forêt noire, j'entends les
cris paniqués des sciurus vulgaris* à
queue rousse, ces rongeurs alarmistes qui avertissent l’entourage de ma
présence. Ils vivent près des tournesoliers, arbres dont le fruit est la
mangeoire, une espèce de minimaison chargée de graines de tournesol. Concentrés
à charroyer les graines dans leurs terriers, les sciurus
vulgaris oublient de s'en prendre à moi. Ils parcourent les
troncs la tête en bas, sautent de branche en branche, hurlant leurs craintes.
Je dois être vigilant, les parus atricapillus*,
ces minis-ptérodactyles à tête noire et au comportement diabolique, rôdent à la
tête des tournesoliers. Elles peuvent démontrer de l'agressivité et s'attaquer
au casque à poil des explorateurs de pacotilles comme moi. J'aimerais tellement
les prendre en photo. Mes espoirs semblent vains. J'entends leurs
"tchic-a-di-di-di" tonitruer aux environs, preuve qu'elles m'ont
repéré, mais je ne les vois pas.
Arrivé à la clairière des suifriers, je dois me
méfier des ptérodactyles qui y planent. Ces ailés zélés tournoient dans les
alentours comme vautour, à la recherche de nourriture. Ils préfèrent de loin le
fruit des suifriers, une sorte de bloc de graisse et de graines mélangées, protégé
par une cage quadrillée métallique. Je reconnais le picoides pubescens*
à son long bec qu'il martèle frénétiquement sur le suif. Pour compétitionner
son appétit vorace, il y a aussi la sitta canadensis*, volatile
gracieux à la poitrine rousse, friande de suif.
Je continue mon parcours en longeant la mer
Manicouagan. Parcourir ce sentier accidenté s'avère ardu. Mes sens doivent être
aux aguets. La présence de nombreux lepus americanus* est évidente.
Leurs empreintes dans la neige fraîche ne sont recouvertes que par celles des vulpes
vulpes*, espèce de loup à queue rousse et aux crocs acérés, prédateurs
du lepus americanus blanchâtre à grandes oreilles.
Après quelques heures de rêveries, mon pied
trébuche sur la branche d'un bouleau agonisant. Me v'là ti pas sorti de ma
torpeur. Retour à la réalité, tout aussi belle.
En janvier, au Boisé de la Pointe-Saint-Gilles, il
n'y a rien de plus agréable comme expédition, pour un randonneur soixantenaire
qui a de l’imagination.
Lo x
*Sciurus vulgaris :
Écureuil roux
*Parus atricapillus : Mésange à tête noire
*Picoides pubescens : Pic mineur
*Sitta canadensis : Sittelle à poitrine rousse
*Lepus americanus : Lièvre
*Vulpes
vulpes : Renard roux*Picoides
pubescens : Pic mineur
*Sitta canadensis : Sittelle à
poitrine rousse
*Lepus americanus : Lièvre
*Vulpes
vulpes : Renard roux
Aucun commentaire:
Publier un commentaire