25 avril 2012

Hypocondrie, pays des souffrances…

Je suis le scénariste du bobo. Un ongle incarné devient une amputation pour la gangrène, un mal de ventre lancinant un cancer de l'intestin et un mal de tête égale un accident vasculaire cérébral. En vieillissant, le corps est comme une bagnole dont certaines composantes se mettent à surchauffer ou à refroidir.

Cette constatation fait voyager mon esprit au pays imaginaire qu'est l'Hypocondrie (état d’anxiété habituelle et excessive à propos de sa santé), dont la capitale est Tourment.

Mes visites en Hypocondrie durent une quinzaine de jours. Je suis logé au chic hôtel Inquiétudes, dans une minuscule chambre au grand lit inconfortable, dont les couvertures sont l'insomnie et le stress.

L'imaginaire devient mon pire ennemi. Il m'entraîne dans des randonnées cauchemardesques éveillées, arpentant les artères Maladie et Soins palliatifs, concentrés sur mon malheur qui n'existe pourtant que dans mon cerveau.

Lorsque la nuit se pointe, au bout d'une sale journée, elle est autre chose que repos, recharge et bienfaisance. Au lit, tout dégénère. Mon cerveau s'investit à corps perdu dans la perception sensorielle. Une crampe, sise n'importe où dans mon corps devient traitement de chimio, temps en soins palliatifs, suivi d'une mort lente et douloureuse. Je deviens alors un lion en cage; je tourne sur moi-même, change de positions à la seconde, je sue, je lis, je compte les moutons, je frissonne. La nuit m'épuise, mes rêves m'épouvantent, éloignant du coup un sommeil tant désiré et si bienfaiteur.

Au réveil, comme par miracle, me voilà bienheureux. Tout a disparu, comme par magie.

Lo x

2 commentaires:

Helene a dit...

J'ai aimé ce texte Lawrence ! J'ai souri tout au long de ma lecture... peut-être m'y suis-je reconnue un peu!!!

Hélène

Lawrence a dit...

Merci Hélène pour ton commentaire. Ça me rassure de savoir que je ne suis pas le seul à visiter ce drôle de pays qu'est l'Hypocondrie.

Bonne soirée!

Lawrence