11 octobre 2011

Félixeries…

— Je voudrais bien être la lettre que j'envoie ce matin à celle que j'aime.

— Quand il y a abondance d'hommes, on les détruit; comme quand il y a abondance d'artichauts, de pommes, de blé ou de café.

— Un orgelet, une écharde, une engelure, une pelure de banane déséquilibrent le grand homme.

— C'est un oiseau très riche avec maison dans l'allée des arbres, jardin à portée du bec, grange, amis, famille, loge sur le fil électrique et ce n'est jamais lui qui défend les intérêts des oiseaux du domaine. S'agit-il de projet de protection contre les chasseurs, de date de migration, d'école dans le pré, d'hospitalité à l'oiseau de nuit, ou de partage de butin, c'est toujours l'oiseau du fond, celui qui habite une cabane dans une fourche de hêtre, qui s'absente un jour ou deux, exige respect de propriété et de vie. Il revient souvent les ailes cassées, et le gros oiseau de devant rassemble le peuple et annonce qu'il a tout arrangé. Pendant ce temps, l'autre panse ses plaies dans la petite source en bas de chez lui. Je tiens cette histoire d'un moineau journaliste, observateur de talent, distributeur des nouvelles de la région, grand avaleur d'eau de cerises, mais d'une verve et d'une gaieté incomparables.

Félix Leclerc, Le calepin d'un flâneur

Lo x

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Que c'est beau du Félix! Que de beaux mots!
Je crois que tu es tout aussi poète que lui, a la différence que toi, tu es encore inconnu. Merci de nourrir mon esprit de tes mots. Je t'aime MD