31 juillet 2009

Manège…

Assis dans le plus gros manège appartenant au peuple québécois, j’ai les orteils bien crampés au fond de mes souliers. Une main agrippée à la table en face de moi, l’autre à ma bière, j’ai peur. Mes yeux fixent l’horizon; il disparaît avec une régularité inquiétante au bas de la fenêtre, me laissant comme image, un ciel gris menaçant. Quand il réapparaît, c’est pour disparaître à nouveau, comme par un insidieux tour de magie, dans le haut de la fenêtre, me laissant l’illusion épouvantable que nous renversons dans la mer en furie. Nous sommes passagers du Camille-Marcoux; un vieil assemblage de plaques d’acier rouillées, qui ne tiennent que par les soudures et les multiples couches de peinture, appelé traversier.

Bateau moderne jadis, brise-glace par surcroit, équipé de stabilisateurs l’empêchant de trop tanguer par mauvais temps, pour ne pas que les lourds fardiers se déplacent en fond de cale, il est devenu, avec l’usure du temps, additionné d’eau salée si corrosive, un navire usé qui a fait son temps. Cet été, il n’a plus de stabilisateurs, donc danger par mauvais temps.

Ce samedi 25 juillet, la tempête s’exprime par de forts vents de nord-est et des rafales à glacer le sang. Presque tous les passagers sont malades. Une dame qui s’est penchée pour prendre quelque chose dans son sac a renversé avec sa chaise.

Ne voulant surtout pas être prophète de malheur, une décision politique s’impose, avant qu’un accident regrettable arrive. Le temps semble venu de mettre ce bâtiment au rancard. Un traversier de ce type ne se remplace pas en criant morue.

Soixante et un dollars pour un tour de manège de ce genre, ce n’est pas donné.

Lo x

4 commentaires:

Ana a dit...

Bonjour Monsieur !

Je veux vous transmettre ceci, j'ai découvert votre blog la semaine dernière, j'ai lu plusieurs de vos textes et apprécié vos photographies de ce coin de la province qui est le vôtre.

Merci pour votre présence .

G.Bergeron

Lawrence a dit...

Bonjour madame, je vous remercie de votre commentaire, il est apprécié et il me fait grand bien.

Merci également de votre présence; sans lecteurs, il n'y aurait pas de blogueurs.

Lawrence

Ana a dit...

Re Bonjour !

Eh bien c'est la raison pour laquelle je tenais à vous faire part de " ma découverte " car je sais qu'un blogueur s'exprime aussi à des " inconnus/jamais vus ", mais nous existons et je crois qu'il faut remercier le blogueur , c'est trop facile d'apprécier une lecture de blog et hop ! cliquer sans exprimer à son tour et à son auteur, des sensations/émotions et réflexions qui nous ont plu.

J'habite loin de Baie-Comeau, soit Montréal où je suis née, cela dit, je me suis retrouvée, telle une enfant avec ses attentes et ses désirs dans votre belle description de " l'attente du papa " à Noël lorsque vous étiez petit.

Oui depuis la semaine dernière je viens vous lire, regarder la binette de Félix, voir vos fleurs et écornifler dans le temps qu'il fait loin, loin vers la route " est " de notre Province.

J'ai " frappé " dans le mille, en vous transmettant mon appréciation je voulais vous faire plaisir et hop ! c'est réussi. Allez Bonne Journée dans le loin-loin ( pour moi bien sûr ) Pays.....

G.B.

Lawrence a dit...

Bonjour Ginette, vous m'avez fait grandement plaisir, puisque je découvre en plus que vous êtes une abonnée fidèle à ce blogue.

Vos visites et commentaires seront toujours les bienvenues.

Bonne journée et merci infiniment.

Lawrence