Froid, seul...

Je suis retourné en raquette aujourd’hui. Froid, seul.

Ces deux mots résument tout.

Froid, parce qu’ici comme partout au Québec, un froid intense règne. Avant d’entrer en forêt, c’est glacial. Le vent me fouette et fige mon visage. Mais une fois en forêt, c’est le paradis. Même lorsque je me suis approché sur le bord de la rivière Manicouagan, c’était tenable, un peu plus venteux, mais tolérable. Le paysage est magnifique. La largeur de cette rivière me ramène toujours à la grandeur de notre pays. Partout ailleurs, ce serait un fleuve; ici c’est une rivière.

Seul, parce que je n’ai vu personne. Comme si j’étais allé faire une balade sur mon domaine personnel. Pas d’être humain. J’ai ouvert la piste, ce qui s’avère fatigant quand on est seul; pas moyen de relayer avec personne. J’aime cette solitude. Durant cette randonnée, je pense à vous, à ce que je vous écrirai au retour. Je n’ai pas observé de piste de lièvre aujourd’hui. J’espère que ce n’est pas le fait de vous en avoir parlé dernièrement qui aura donné l’idée à un piégeur d’aller sévir dans le coin. J’imagine, un pauvre lièvre, qui d’ordinaire, fait dodo le long de quelques branches de sapin, se retrouve tout d’un coup, en train de faire dodo le long de quelques carottes et oignons. Triste.

À l’Île du Colon, j’ai vu un huard, qui s’amusait à plonger, à se nettoyer le plumage; il avait l’air bien, il ne se préoccupait pas du tout de ma présence. La seule autre présence vivante, une petite mésange à tête noire, qui m’a signalé sa présence à grands cris.

Avec ce vent qui souffle, on sent la forêt habitée de fantôme. Les arbres craquent, se frottent ensemble, produisant des bruits lancinants, presque affolants. Impressionnant.

Lo x