18 juin 2008

Hache deux os…

Il tombe des clous.

Il me reste de l’étoupe à placer un peu partout; on voit le jour à plusieurs endroits et cela m’inquiète. Le bois est sec, dur à travailler. Je manque d’aide et de temps.

Il pleut à boire debout depuis des jours, les cours d’eau des environs débordent d’un liquide brunâtre, presque de la boue. Le vent froid est omniprésent, l’eau entre par les interstices.

Pas âme qui vive dans le coin. Ma mission semble impossible.

Pas question d’abandonner, je dois bien cela à la planète. J’aurais besoin d’un affûteur; rabot, égoïne, sciotte, hache, tous les outils s’émoussent, à force d’utilisation.

Hier, une poutre s’est détachée, faillit la recevoir sur la tête. Plus je travaille, plus je m’épuise, plus je commets des erreurs qui mettent mon corps en danger.

Cette nuit, je me suis endormi sous le tambourinage incessant de la pluie. Au lever, j’ai scié, buché, raboté, sablé; j’ai planté des clous, manœuvré des planches, des billes de bois. Cauchemar ou rêve; vais-je réussir à les sauver tous? Pas le choix, ma mission est de sauver toutes les espèces, du plus petit au plus grand.

Hier, un colibri bourdonnant m’a picoré l’oreille, quémandant une place pour lui et sa belle; sans problème, accordé. Un couple d’éléphants trompe en l’air, a faillit chavirer l’embarcation, les deux du même côté, pas la meilleure des idées. Eux aussi demandent asile; accordé.

Se sont pointés finalement les bizarres, un blond bouclé bedonnant, accompagné de sa femme Michou, a essayé de me convaincre de les embarquer tous les deux. Ce n’est pas de refus, j’ai le devoir de sauver toutes les espèces, serpents, coquerelles et putois inclus. Puis, est venu à moi, une espèce de cowboy raté, avec une craque de cheveux parfaite. Il me dit qu’il occupe un poste important, qu’il est premier ministre du Canada, qu’il espère une place pour lui et sa famille. Je le sens peigne-zizi, pas le choix, il aura aussi sa place. Je réclame cependant leur aide à tous ces nouveaux venus. Le travail est avancé mais loin d’être terminé.

Et cette pluie diluvienne qui continue.

Noé

P. -S. : Nous sommes assaillis par la pluie et le temps gris depuis dimanche dernier; les prédictions de Miss Météo nous donnent si peu d’espoir. J’ai eu l’idée de ce texte bizarre.

Lo

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