Prendre une marche à ce temps-ci de l’année, correspond à faire aller le sens le moins propre à l’homme en dehors de sa cuisine, l’odorat.
Chaque coin du quartier fournit son odeur. La première que j’ai sentie ce soir, fût celle des poêles à bois. Les gens commencent à chauffer leur cocon pour combattre la froidure. Ça m’a rappelé mon enfance, quand maman se levait pour allumer la grosse fournaise à bois. Elle commençait cette tâche ardue avant l’aurore, afin que sa précieuse couvée d’enfants se réchauffe sur la grille, placée directement au dessus de la fournaise.
Plus loin dans le quartier, j’ai senti l’odeur parfumée d’assouplisseur. Une personne fait la lessive. Ça sent la propreté, l’amour. Il y a bien des petites tâches que nous faisons par amour pour ceux qui vivent avec nous; s’en rendent-ils compte?
Je me suis surpris à humer les odeurs, le nez en l’air, allure canine s’il en est une, essayant d’identifier ce qui se présentait à mon nez.
Encore quelques mètres et je sens une odeur de fournaise au mazout. Cela me rappelle une autre période de mon enfance. J’étais un peu plus vieux. Ce qui m’impressionnait le plus, c’était de voir bouger les chiffres sur le compteur du camion qui venait faire le plein du réservoir.
À mi-chemin de mon trajet, un homme accompagné de deux gros labradors bruns, surgit; ses chiens sont obèses, on dirait deux grosses saucisses avec des yeux jaunes. Ils se dirigent vers moi en courant, malgré les hurlements opposants du maître, qui n’en est pas un. Il a beau crier, ces grosses saucisses continuent leur course. Je les ignore. Je ne voulais pas attirer leur attention en étant agréable, je craignais qu’ils viennent saloper mes vêtements avec leurs grosses pattes sales.
Tout au long du trajet, j’ai compté pas moins de cinq gros transporteurs aériens, se dirigeant d’ouest en est. Je m’imagine tout plein de voyageurs heureux, qui s’en vont en Europe.
Arrivé près de chez moi, un vieillard debout sur le trottoir, avec son petit chien frisé, flâne. Le monsieur dit à son chien de ne pas aller dans la rue, comme pour me rassurer d’une attaque soudaine. Son petit chien branle la queue, pour me faire voir qu’il aimerait bien sympathiser.
Lo x
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